
Auteur Lamin Dibba
Le ministre gambien de l'environnement esquisse un avenir meilleur pour son pays, où l'action climatique et le développement durable vont de pair.
Il y a une dizaine d'années, la Gambie a connu une sécheresse dévastatrice. Les périodes de sécheresse se sont prolongées pendant des années, les précipitations ont été tardives, irrégulières et inégales, et les ménages ont souffert de mauvaises récoltes, de pertes de bétail, d'insécurité alimentaire et de prix élevés des denrées alimentaires. Plus d'un million de personnes, sur une population de 1,7 million d'habitants, ont eu besoin d'aide. Aucun ménage n'a été épargné.
Aujourd'hui, les effets du changement climatique continuent de nous frapper sur plusieurs fronts. L'élévation du niveau de la mer affecte nos eaux souterraines, notre littoral et nos rizières en raison de l'érosion côtière et de l'intrusion de sel, tandis que des tempêtes de vent plus intenses dévastent nos communautés. Cette situation aggrave les problèmes de développement et entrave nos efforts de réduction de la pauvreté et de la faim.
En tant que ministre de l'environnement, je me suis donné pour mission de veiller à ce que les difficultés de notre passé ne déterminent pas notre avenir. C'est pourquoi je suis fier de présenter la vision climatique de la Gambie à l'horizon 2050.
D'ici à 2050, la Gambie aspire à devenir un pays à revenu intermédiaire résilient au changement climatique grâce à une croissance économique verte soutenant un développement durable et à faibles émissions, contribuant ainsi à sa juste part des efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.
Cela comprend les transports et autres infrastructures, le tourisme, l'agriculture et la sylviculture durables, autant d'éléments qui permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de diminuer la pollution et d'assainir l'air et l'eau, contribuant ainsi à élever le niveau de vie.
Élaborée dans le cadre d'un processus inclusif et participatif d'une durée d'un an impliquant plus de 100 parties prenantes, notre Vision climatique 2050 est le fruit des ambitions et des besoins des Gambiens de tous horizons.
Les parties prenantes nationales du gouvernement, du secteur privé, de la société civile, des universités, des administrations régionales, des communautés locales et d'autres secteurs de la société ont été activement impliquées dans le processus, apportant des idées et des contributions à notre vision climatique à long terme. Cela a donné lieu à un dialogue national riche et à des consortiums sur les modèles de développement et la trajectoire future du pays, ce qui a permis de susciter l'adhésion nationale à notre vision et à sa mise en œuvre.
Cette approche globale de la société, alignée à la fois sur nos objectifs nationaux et sur la vision et l'offre du groupe des pays les moins avancés (PMA) pour 2050, visait à intégrer l'adaptation, l'atténuation et la résilience dans les objectifs nationaux afin de construire des voies justes et inclusives pour un avenir résilient au changement climatique.
Pour concrétiser notre vision, nous avons organisé nos engagements politiques et nos actions en quatre domaines prioritaires :
L'élaboration et l'adoption de notre Vision 2050 sur le climat n'est qu'une étape dans le long chemin qui mène à la prise en compte des impacts du changement climatique en Gambie. En nous appuyant sur le cadre politique et les programmes existants liés au climat, nous élaborons également une stratégie à long terme pour un développement à faible émission de carbone et résilient au changement climatique.
L'Accord de Paris invite tous les pays à élaborer des stratégies à long terme; et les pays développés, en développement, à forte et à faible émission de carbone ont tous commencé à travailler sur les leurs. Avec un horizon de 30 ans, ces stratégies vont au-delà de la durée de dix ans de nos contributions déterminées au niveau national.
Ils constituent un signal fort de la direction prise par un pays et aident les ministères, les acteurs du secteur privé et les communautés locales à prendre et à coordonner leurs décisions et leurs efforts en matière d'action climatique.
Dans le cadre de notre stratégie à long terme, la Gambie s'efforcera d'être un pays pionnier pour l'initiative des PMA en faveur d'une adaptation et d'une résilience efficaces (LIFE-AR), en s'éloignant des approches habituelles pour adopter une réponse climatique plus efficace et plus ambitieuse qui garantit que le soutien atteigne les pays et les communautés les plus vulnérables.
Pour mettre en œuvre notre vision et notre stratégie à long terme, nous développerons des mécanismes de mise en œuvre afin de réduire la pauvreté et de renforcer la résilience à long terme aux risques climatiques et autres. Nous nous engageons également à faire en sorte que notre architecture de financement climatique permette d'acheminer 70 % des fonds au niveau local.
Comme d'autres pays, nous avons besoin de la solidarité et du soutien de la communauté internationale pour faire avancer nos plans d'action ambitieux en matière de climat et protéger les populations et la planète des pires effets du changement climatique.
Nous appelons donc à des engagements à long terme pour soutenir notre vision. Le renforcement de la résilience au changement climatique nécessite des investissements patients qui valorisent et renforcent les capacités nationales. Pour que personne ne soit laissé pour compte, nous devons également coordonner une action cohérente à grande échelle, en plaçant l'équité et la justice au cœur de nos préoccupations.
Ce processus ne sera ni facile ni rapide, mais l'avenir commence par les décisions que nous prenons aujourd'hui. La Gambie est prête à prendre ces décisions difficiles pour garantir un avenir durable et prospère pour tous.
Cet article a été initialement publié par l'IIED - https://www.iied.org/envisioning-better-future-for-gambia